MEURTRE D'UNE FEMME ENCEINTE À BEAUPORT

En février 1678, Robert LECLERC dit DESROSIERS boit de l'eau de vie en compagnie de Mathieu 8RAC8IT, huron, et son épouse dans le fournil du sieur DE LA MARTINIÈRE à Beauport. En se querellant, la femme prit à pleine main l'épée du soldat DESROSIERS qui lui retira de force et lui coupa les doigts d'une main. En se débattant avec elle, DESROSIERS lui donna un coup d'épée dans le ventre. Elle est morte quelques jours plus tard, ayant accouché d'un enfant mort qui « était aussi percé au bras du même coup » d'épée qu'elle a reçu.

Le 27 février, DESROSIERS est arrêté et constitué prisonnier. Mais, on se questionne à savoir où le crime prétendu commis sera jugé : à Beauport ou à Québec ? Le juge de la seigneurie de Beauport, Romain BECQUET, ne peut juger l'affaire car l'accusé a été son domestique avant d'être soldat. De plus, DESROSIERS demeurait chez BECQUET quand le crime est arrivé. Comme il n'y a aucun autre praticien à Beauport, le juge René Louis CHARTIER ordonne, le 6 mars, que l'affaire sera entendue devant la Prévôté de Québec; le soldat DESROSIERS étant de la garnison de cette ville. Les assesseurs (ou adjoints) du juge CHARTIER seront Jean JUCHEREAU sieur DE LA FERTÉ, Thierry DE LETTRE sieur LE VALON, François HAZEUR, Bertrand CHENAY sieur DE LA GARENNE et Louis JOLLIET, tous bourgeois de Québec.

Le 2 avril, on procède à l'interrogatoire de Mathieu 8RAC8IT avec Laurent DUBOC comme interprète. Les fers de 8RAC8IT seront ôtés et il sera transféré du cachot dans les prisons civiles.

Après avoir interrogé sur la sellette le prisonnier DESROSIERS, la sentence est prononcée le 18 avril. Comme le coup d'épée a été donné « sans dessein prémédité », Robert LECLERC dit DESROSIERS est condamné à être attaché au carcan de la grande place de la basse-ville de Québec, pendant une heure, à dix livres d'amende envers le roi et à 60 livres d'intérêts civils envers les enfants de 8RAC8IT et de sa défunte femme. De plus, il est banni des environs de Québec, jusqu'à 10 lieues à la ronde, pendant cinq ans. Quand à Mathieu 8RAC8IT, il pourra sortir de prison.

La sentence se termine par une mise en garde : « que l'ordonnance faite contre ceux qui traitent les hardes avec des sauvages sera exécutée ».

Rédaction : Guy Perron, paléographe

Source : Prévôté de Québec, transcription des volumes 11 (Grand criminel), 12 (registre civil) et 13 (Petit criminel), 17 décembre 1677 au 19 août 1686, Longueuil, Les Éditions historiques et généalogiques Pepin, tome VI, coll. Notre patrimoine national, 2004, (à paraître).