ON JOUE CHEZ LE GRAND JEAN !

Marie REGNOUARD n'est pas au bout de ses peines car elle revient devant le juge de la Prévôté de Québec, le 4 décembre 1675, pour dénoncer son mari qui gaspille et perd son bien en jouant chez le Grand Jean, boulanger et cabaretier. Elle explique être en « grande nécessité » et prête à accoucher ! En effet, Nicolas-Auger naîtra le 13 janvier 1676.

Le juge demande à l'huissier ROGER d'assigner Jean AUBRAY dit LE GRAND JEAN et Nicolas DURAND pour entendre leur version des faits. Si DURAND affirme avoir couché trois nuits chez AUBRAY, ce dernier précise que DURAND est resté chez lui pendant deux nuits et qu'il a mangé trois ou quatre fois pendant le même temps.

Que fait-on chez le GRAND JEAN ? Nicolas DURAND admet avoir été absent de chez lui pendant trois jours car il jouait chez AUBRAY en compagnie de Michel LECOURT et des nommés GARENNE, TIBERGE et LAVERDURE; le tout agrémenté de quelques pots de vin. Pourtant, une sentence de la Prévôté (juillet 1674) interdisait à tous les cabaretiers de donner du vin à DURAND ! Ce dernier semble s'y plaire, car il y a même gagné 12 ou 15 francs qui serviront à acheter de l'étoffe. 

Selon DURAND, c'est « la mauvaise humeur de sa femme » qui est la cause de son absence de la maison. De plus, il précise que Marie ne peut être en « grande nécessité » puisqu'elle a encore en sa possession pour 75 livres de billets. En fin de compte, le GRAND JEAN est condamné en 10 livres d'amende pour avoir hébergé Nicolas DURAND.


Rédaction : Guy Perron, paléographe

Source : Prévôté de Québec, transcription des volumes 7 et 8 (registres civils), 9 janvier 1674 au 20 décembre 1675, Longueuil, Les Éditions historiques et généalogiques Pepin, tome IV, coll. Notre patrimoine national no. 312, 2003.