François Peron (1615-1665)
Nul n'est tenu à l'impossible
L'insuccès des voyages aux Antilles du navire Le
Taureau et de la frégate L'Aigle Blanc commence à se faire entendre par la
voix de la justice. Pour protéger leur dû, les créanciers font saisir les biens de
François Peron. Une escalade d'actions en justice sont enregistrées contre lui qui, de
son côté, n'a plus qu'à prendre acte de sa faillite. Pour l'empêcher de quitter
indûment la ville et abandonner tous ses biens, on va l'emprisonner et le forcer à payer
ses dettes. C'est donc dans sa cellule des prisons royales de La Rochelle qu'il recevra le
compte rendu des actions portées contre lui. Nous pensons que François Peron aurait
été emprisonné dans le Palais de La Rochelle qui a servi de prison pendant plus de 300
ans.
Retenu prisonnier pour dettes, et comme il n'a pas obtenu ses lettres de répit,
François Peron n'a que l'ultime ressource de demander une requête en cession de ses
biens. Des conventions privées passées devant notaire montrent que Peron a fait une
cession « judiciaire » par laquelle il abandonne à ses créanciers tous ses biens
moyennant quoi il serait libéré de son passif.
En tenant compte de la distribution des deniers
provenant de la vente aux enchères du navire Le Taureau et de la frégate L'Aigle
Blanc, François Peron était redevable de la somme de 15 163 livres 6 sols envers ses
créanciers qui se sont partagés celle de 10 985 livres 11 sols 4 deniers, soit 72% de
leur créance. Puisqu'il ne restait que 4 177 livres 14 sols 8 deniers à rembourser,
pourquoi n'a-t-on pas donné à Peron l'éventualité de se refaire une santé
financière, de rétablir ses affaires et négoces? A-t-on offert à François Peron, calviniste, de rétablir ses affaires en retour d'une abjuration forcée? Possible. N'est-ce pas un bourgeois catholique de Paris qui, le premier, intente des poursuites contre Peron pour la somme de 500 livres seulement? De son côté, une importante société protestante, créancière de Peron pour plus de 5 000 livres tarde à le poursuivre en justice. La suite des événements aurait-elle été autre si Peron avait été de foi catholique, comme la grande partie des marchands négociant avec la Nouvelle-France? Toute autre chose, sans doute, s'il avait abjuré sa foi calviniste! |
![]() Acquits des créanciers de François Peron |
Il ne faut surtout pas oublier que François Peron venait d'apprendre, à son grand
mécontentement, l'abjuration du calvinisme faite à Québec par son fils Daniel. Il faut
donc sauver l'honneur de la famille et « la mémoire de ses aïeux ».