Daniel Perron dit Suire (1638-1678)
Une existence dans l'ombre du père



Une identification variée

Au cours de son existence, Daniel Perron dit Suire est identifié différemment. Tantôt dans les actes notariés, tantôt dans les pièces judiciaires, ses nom, prénom et surnom se voient modifiés. Quelles en sont les raisons? Pour les connaître, analysons chronologiquement l'évolution de son identification.

D'abord, le tout premier document le concernant : son acte de baptême. Il y est clairement spécifié son prénom, Daniel. Puis, rien à son sujet avant 1656. Cette année là, à La Rochelle, Daniel Suire signe comme témoin au contrat de mariage de Michel Desorcis et de Françoise De La Barre. Ensuite, on le retrouve en Nouvelle-France, en 1658, où il se fait appeler Daniel Suire, du nom de sa mère.

Il retourne en France à l'automne 1659. Il revient dans la colonie au printemps 1662 après avoir reçu une procuration de son père. Encore là, on le nomme Daniel Suire. Fait étrange, le père ne mentionne pas au notaire qu'il est son fils!

Dans son contrat de mariage, en 1664, lui-même s'identifie Daniel Suire en précisant cependant qu'il est
« fils charnel de François Peron et de Jeanne Suire ».

Le Conseil souverain, à deux exceptions, l'identifie toujours Daniel Suire dans ses jugements et délibérations de 1663 à 1687. La Prévôté de Québec, dans ses registres, identifie l'ancêtre de plusieurs façons de 1667 à 1675. Non seulement par la dénomination, mais aussi par la graphie. L'inconsistance est étonnante : Daniel, François, dit, Suire, Lesuire, Pairon, Peron, Perron.

Qu'est-ce qui pousse Daniel à jouer à sa guise avec deux prénoms et deux patronymes?

Les raisons

Si l'on tient compte des années, on s'aperçoit aussitôt que c'est à la suite de la mort de son père, survenue en 1665, qu'il s'attribue le plus souvent le patronyme Peron, devenu Perron par la société catholique de la Nouvelle-France. Il s'octroie même son prénom : François. Pourquoi?

Tout au long de la vie de François Peron, le fils se nomme Daniel Suire. Après sa mort, il opte pour Daniel Pairon. Le père lui aurait interdit de s'identifier au nom Peron. N'oublions pas qu'il s'agit d'un enfant né hors mariage. Il est donc très plausible de penser que François n'a jamais voulu reconnaître Daniel Suire pour son fils. Qu'on pense seulement à la procuration qu'il lui donne : il le qualifie comme
« son » domestique!

Comment peut-on se prévaloir d'une succession d'un père Peron quand on s'appelle Suire? C'est pourquoi, en 1668, la signature de Daniel Suire change pour celle de « Daniel Pairon ». Il est ainsi en meilleure position dans la course pour la succession vacante de son père.

Vers la fin de sa vie, comme on le constate dans son inventaire après décès, on l'identifie Daniel-François Peron. Il reprendra le nom de Suire ou le Suire (Lesuire) en surnom seulement.

Les variantes du nom dans les registres

1667

1668

1673

1674

1675

Daniel Suire

X

 

X

   
Daniel Suire dit François Peron

X

X

     
François Pairon    

X

   
François Pairon dit Daniel Suire      

X

 
François Pairon dit le Suire      

X

 
François Pairon dit Suire  

X

X

X

 
François Peron

X

   

X

X

François Peron dit Daniel Suire

X

X

     
François Peron dit Lesuire  

X

     
François Peron dit Suire

X

X

 

X

X

François Peron Suire  

X

     
François Perron dit Lesuire      

X

 
François Peron vulgairement appelé Daniel Suire

X

       

Les signatures

Les recherches nous ont fait découvrir des documents illustrant quatre signatures différentes de Daniel Perron dit Suire.

Pendant son premier voyage au Canada, à 19 ans, notre ancêtre fut présent devant notaire comme témoin. Le 23 mars 1658, il signe « daniel Scuire » avec paraphe.
Le 16 mai 1659, un an plus tard, il signe « daniel Suire » avec paraphe.
À son retour en 1662, on remarque une signature beaucoup plus stylisée, plus finie, gardant toujours le même paraphe. On pourrait attribuer cela à ce que pendant ses années en France (1659-1662), il aurait occupé son temps à parfaire ses connaissances et, plus instruit à 23 ans. Que ce soit au contrat de mariage d'entre Pierre Gendreau et Jeanne Garnier (12 janvier 1663), ou au sien avec Louise Gargotin (23 février 1663), il signe « D Suire » avec paraphe.
Après la mort de son père, en 1668, il signe « D Pairon ». Pourquoi Pairon et non Peron, comme signait son père? Daniel Perron dit Suire est dans la course pour la succession vacante à Québec du marchand rochelais François Peron, son père. Il a donc tout avantage à s'identifier au patronyme Peron (et variantes).

Que ce soit D Suire ou D Pairon, on note la même formation des lettres D, i et r. Le paraphe est toujours une série de quatre S.